Haidar Al-Abadi, le premier ministre irakien, en visite officielle à Paris, veut lutter contre «les baleines», ces ministres et dirigeants qui ont détourné des milliards de dollars. Un fléau érigé en système de gouvernement entre les partis. 400 responsables sont interdits de sortie du pays. D’autres sont exilés à Londres ou aux États-Unis, profitant de complicités locales.
Hassan al-Yassiri vient juste de rentrer de Londres. Cet ancien professeur de droit, devenu en 2015 sur ordre du premier ministre Haïdar al-Abadi, chef de la Commission intégrité, est allé convaincre ses interlocuteurs britanniques de débloquer l’argent que deux anciens ministres, réfugiés sur les bords de la Tamise, ont emporté dans leur fuite. Mission quasi impossible! Abdoul Falah al-Soudani et Zyad al-Khodan sont titulaires d’un passeport britannique qui les protège. Comme eux, ces dernières années, une demi-douzaine d’autres ministres, parmi lesquels Hazem Shaalan à la Défense et Ayham al-Samarrai à l’Électricité, se sont échappés, des milliards de dollars en poche!
Le combat du «M. Propre» irakien est titanesque: «C’est comme vider la mer avec une petite cuillère», sourit-il, assis à son bureau, un ancien palais de Saddam Hussein, dans la Zone verte, secteur ultraprotégé sur les bords du Tigre. «La corruption en Irak, ce n’est pas un fléau, c’est un système de gouvernance», renchérit un homme d’affaires français, familier de Bagdad. Le pays est l’un des plus corrompus au monde: 166e sur 176 États, selon le classement établi par l’ONG Transparency International.
Le Figaro: Georges Malbrunot Envoyé spécial à Bagdad Mis à jour